Avertissement : les informations suivantes sont principalement destinées aux patients et leurs familles.

Les porphyries aiguës concernent les patients atteints de la porphyrie aiguë intermittente, de la coproporphyrie héréditaire ou de la porphyrie variegata.

Les porphyries hépatiques aiguës (PAI) :

En cas de porphyrie, la chaîne de fabrication de l’hème n’est pas fonctionnelle à 100% et des produits chimiques intermédiaires (= les porphyrines et les précurseurs de porphyrines) s’accumulent dans le foie, d’où le nom de « porphyries hépatiques » donné à ce groupe de maladies. L’accumulation des précurseurs des porphyrines, l’acide δ aminolévulinique (ALA) et le porphobilinogène (PBG), provoquent l’apparition de crises aiguës.

Comme rappelé dans la rubrique précédente, les porphyries hépatiques aiguës englobent quatre maladies, correspondant chacune à un déficit enzymatique particulier : Porphyrie aiguë Intermittente (PAI), Porphyrie Variegata (PV), Coproporphyrie Héréditaire (CH) et Porphyrie de Doss (PD). Chaque maladie est différente mais toutes ont en commun le risque de survenue de « crises aiguës de porphyrie », se manifestant par des signes douloureux abdominaux et/ou neuropsychiatriques qui peuvent être à l’origine de situations d’urgences graves. Cependant, pour une même maladie, les manifestations sont variables d’une personne à l’autre et évoluent dans le temps.

La PAI est la porphyrie hépatique aiguë la plus fréquente. Dans ce cas, on observe uniquement des crises abdominales douloureuses aiguës et il n’y a pas de signes cutanés, contrairement à la PV ou à la CH. Dans ces deux dernières porphyries, les altérations cutanées et les crises peuvent se manifester séparément ou en même temps.

Il existe autant de porteurs sains (= non malades) hommes que femmes. En revanche, les femmes font plus souvent des crises (80% contre 20% pour les hommes). La maladie se manifeste surtout chez les femmes jeunes (de la puberté à la ménopause).

Quelles sont les causes ?

Les porphyries hépatiques sont des maladies génétiques héréditaires c’est à dire qu’elles proviennent d’une altération de l’ADN au niveau d’un gène (= mutation de gène). Un gène différent est altéré pour chaque type de porphyrie hépatique aiguë. Cette mutation se transmet par voie héréditaire. Ainsi, bien souvent, une personne atteinte de porphyrie hépatique aiguë comptera parmi les membres de sa famille des porteurs « sains » de ce même gène muté. Il se peut que ces personnes ignorent posséder le gène altéré pour une porphyrie hépatique aiguë et risquent ainsi de développer une crise et/ou des symptômes cutanés dans le cas de la PV et de la CH.

D’où vient la mutation ?

  • Elle peut être transmise par l’un des deux parents, lui-même porteur de la mutation (=mutation héritée).
  • Elle peut apparaître chez une personne dont aucun des parents n’est porteur du gène muté (=mutation « de novo »).

Chez un individu donné, tous les gènes sont en double exemplaire : l’un provient du père et l’autre de la mère. Lorsque la mutation d’un seul des deux gènes parentaux entraîne une maladie, comme c’est le cas des porphyries hépatiques aiguës, elle est nommée mutation autosomique et dominante. La mutation, qu’elle soit héritée ou de novo, peut se transmettre à la génération suivante. La personne atteinte a donc une possibilité sur deux de le transmettre à chaque enfant qu’elle pourrait avoir (voir le schéma ci-dessous). Ce risque est identique que la personne ait ou non présenté des symptômes. Bien évidemment, si vous n’avez pas hérité de la mutation, vous ne pouvez pas la transmettre à vos enfants. En cas de grossesse ou de projet de grossesse, en général d’évolution favorable, demandez conseil à votre médecin (conseil génétique).

transmission porphyrie
 Exemple de transmission autosomique dominante : la mère est porteuse du gène muté et d’un autre exemplaire non altéré. Le père porte deux exemplaires du gène non altéré. Pour l’enfant, 4 combinaisons possibles et deux possibilités sur quatre, soit une sur deux, d’hériter du gène muté. (La situation serait la même si le père, et non la mère, avait eu le gène altéré)

Comment reconnaître une crise ?

Les porphyries hépatiques aiguës ont en commun le risque de crise de porphyrie aiguës. Elles se caractérisent au début par :

  • des douleurs abdominales intenses très souvent associées à des douleurs lombaires irradiant vers les cuisses.
  • des nausées et/ou vomissements
  • une constipation
  • un surmenage

 

Ce tableau clinique peut se compléter par :

 

  • l’apparition d’une confusion, de convulsions et d’une faiblesse musculaire pouvant aller jusqu’à un début de paralysie
  • une accélération du pouls et une augmentation de la pression artérielle
  • des troubles psychiatriques tels que dépression, troubles de l’humeur, anxiété, irritabilité.
  • une coloration anormale des urines (après exposition à la lumière, urines « porto »)

 

Ces crises sont déclenchées par des facteurs de risque qui peuvent être souvent évités ou limités :

 

  • prise de certains médicaments contre-indiqués (liste disponible en format papier sur simple appel au CFP ou en consultant les sites www.porphyrie.net ou www.drugs-porphyria.org)
  • jeûne prolongé ou régime amaigrissant réalisé sans suivi médical approprié
  • infection intercurrente (ex: grippe…)
  • situation de stress
  • choc affectif

 

Certaines porphyries (PV et CH) se manifestent aussi par des signes cutanés qui peuvent apparaître, soit en même temps, soit de façon distincte des crises aiguës : il s’agit le plus souvent d’une fragilité cutanée puis de bulles de tailles variables, siégeant dans les régions découvertes (mains, face…), évoluant vers la formation de plaies puis de lésions croûteuses longues à cicatriser.

 

Pour éviter la survenue des crises aiguës ou faire face efficacement aux complications, suivez les règles d’or :

  1. Prévoyez un suivi régulier, au moins annuel, en lien avec votre médecin traitant, avec le médecin spécialiste des porphyries (voir le CFP rubrique « médecins » pour la France)
  2. Appelez ou faites appeler le 15 (ou le 112) pour une prise en charge hospitalière immédiate, en cas d’apparition de :
    • douleurs abdominales intenses, diffuses, associées ou non à des douleurs lombaires ou à des irradiations vers les membres inférieurs, associées ou non à des nausées, des vomissements et à une constipation tenace.
    • douleurs dans les muscles, crampes, sensations de fourmillements, perte de sensibilité de la peau, perte de la motricité d’un membre ou d’un segment de membre.
    • Une crise convulsive.
    • Une sudation profuse, un malaise généralisé, une sensation d’accélération du rythme cardiaque.
  3. Pour toutes prescriptions, respectez et faites respecter les contre-indications qui vous auront été expliquées par votre médecin. Pour cela, présentez à votre médecin la liste des médicaments disponibles au format papier sur simple appel au CFP.
  4. Portez toujours sur vous la carte de soins et d’urgence que votre médecin spécialiste du CFP vous aura fournie. Présentez-la à tout professionnel de santé (médecin, pharmacien, chirurgien, anesthésiste, dentiste, gynécologue-accoucheur, infirmier…) en cas de soin, de consultation programmée ou non.
  5. Faites connaître de votre entourage les signes d’alerte de votre maladie pour qu’ils puissent vous aider, si besoin, à consulter en urgence. Informez-les que vous avez une carte de soins (fournie par votre médecin spécialiste du CFP).
  6. En cas de grossesse ou de projet de grossesse, demandez conseil au médecin assurant votre prise en charge spécialisée et à votre médecin traitant.
  7. A l’école ou au collège, prévenir le médecin scolaire.
  8. Sur votre lieu de travail, organisez, si besoin avec le médecin du travail, les aménagements nécessaires.
  9. Pour tout conseil ou information, contactez votre médecin traitant et le médecin assurant votre prise en charge spécialisée, ainsi que le CFP.

Conseil à l’aidant : si votre proche atteint de porphyrie présente une crise convulsive ou des troubles de l’humeur d’apparition rapide ou brutale (anxiété importante, dépression, hallucinations, désorientation dans le temps ou l’espace, confusion…), n’hésitez pas à faire appel à un médecin en urgence. Contactez immédiatement le médecin traitant et le CFP : il peut s’agir d’une manifestation aiguë de la porphyrie nécessitant une prise en charge immédiate.

En dehors des épisodes aigus, les personnes qui sont atteintes de porphyries ne présentent pas de manifestations particulières.