Avertissement : les informations suivantes sont principalement destinées aux patients et leurs familles.

Qu’est ce la protoporphyrie érythropoïétique ?

La protoporphyrie érythropoïétique est une porphyrie héréditaire rare, identifiée pour la première fois au début des années soixante. Elle touche une personne sur 150 000 dans la population de l’Europe de l’ouest. Dans la PPE il y a une accumulation d’une porphyrine appelée protoporphyrine qui est produite en excès à partir de la moelle osseuse. La protoporphyrine s’accumule dans l’organisme en particulier dans les globules rouges, le foie et dans la peau qui devient sensible à la lumière.

Quelle est l’origine de la protoporphyrie érythropoïétique ?

La Protoporphyrie érythropoïétique est dûe au déficit d’une enzyme (protéine qui transforme une substance chimique en une autre) appelée ferrochélatase (FECH) qui ajoute du fer à la protoporphyrine pour former l’hème. Le déficit en ferrochélatase conduit à une accumulation de protoporphyrine dans la moelle puis dans les autres organes. Lorsque la protoporphyrine passe dans la peau, elle peut absorber l’énergie de la lumière ce qui déclenche une réaction chimique susceptible d’endommager légèrement les tissus avoisinants.
Les terminaisons nerveuses dans la peau l’interprètent comme une sensation de brûlure ou de démangeaison. Si les vaisseaux sanguins sont touchés ils peuvent devenir légèrement perméables et engendrer un gonflement.La lumière que la protoporphyrine absorbe et celle qui est à l’origine des coups de soleil sont différentes. Les coups de soleil sont dus à des longueurs d’ondes plus courtes de la lumière ultraviolette (les UVB) mais dans le cas de la PPE la peau est plus sensible à des longueurs d’ondes plus longues (les UVA) et à la lumière visible. La lumière avec des longueurs d’ondes qui sont à l’origine des réactions cutanées dans la PPE, contrairement à celles qui créent les coups de soleil, peut traverser les vitres en verre.

Comment la PPE se transmet-elle ?

Chaque individu a deux copies du gène FECH (qui code pour la ferrochélatase) dans chaque cellule de l’organisme, une copie transmise par le père et l’autre par la mère. Dans plus de 90% des familles de PPE, la maladie survient lorsque la personne atteinte hérite de l’un de ses parents d’une copie du gène FECH muté qui code pour une férrochélatase dont l’activité est fortement diminuée et hérite de l’autre parent d’une copie du gène FECH qui code pour une férrochélatase dont l’activité est légèrement diminuée. Ce gène moins actif est assez fréquent en Europe du nord, environ dans 10% de la population. A lui seul il ne peut être à l’origine de la PPE même présent en double exemplaires. Ainsi, bien que la PPE soit héréditaire, il n’y a pas toujours d’autres personnes atteintes dans la famille.

Pourrais je transmettre la PPE à mes enfants?

Pour une réponse adaptée à cette question il est préférable de consulter un conseiller en génétique ou un spécialiste de la porphyrie dans un centre de référence (contactez le CFP pour la France).Votre conjoint et vous pourrez avoir besoin d’un test génétique. Pour la plupart des personnes atteintes de PPE, le risque d’avoir un enfant atteint va dépendre de la présence d’un gène FECH moins actif chez leur conjoint. 9 conjoints sur 10 ne seront pas porteurs de ce gène et pour ces couples, le risque d’avoir un enfant atteint de PPE est donc très faible, moins de 1/100. Par contre, si le conjoint est porteur, ce risque est beaucoup plus élevé, il est de 1/4. Dans 5% des familles la transmission est plus complexe mais peut être révélée par un test génétique.

transmission porphyrie
Mode de transmission principal de la PPE: dans cet exemple, le père possède un gène normal moins actif et la mère un gène muté. La probabilité d’avoir un enfant malade est de 1/4 soit 25 %. La situation serait identique dans le cas où le père possèderait un gène muté et la mère, le gène normal moins actif.

Quels sont les symptômes de la PPE ?

La lumière lors d’une exposition solaire conduit à des sensations de picotements, démangeaison ou brûlure de la peau qui peuvent être associées à des rougeurs et des gonflements. Ces signes apparaissent quelques minutes après une exposition solaire directe et peuvent souvent persister quelques heures à quelques jours avant de disparaître complètement. Pendant ce temps la peau est souvent plus sensible aux températures extrêmes. La lumière à l’origine de ces signes n’est pas nécessairement une lumière directe, une lumière réfléchie par l’eau, la neige, le sable, à travers une vitre en verre y compris les pare brises des voitures peut aussi conduire à l’apparition de ces symptômes. La PPE apparaît en général dans l’enfance, et touche les filles et les garçons de façon équivalente. Les nourrissons souvent crient ou pleurent lorsqu’ils sont exposés à la lumière du soleil et les enfants plus âgés se plaignent de sensation de brûlures. Dans quelques rares cas, les personnes atteintes de PPE peuvent aussi développer des atteintes hépatiques.

Malgré une gêne importante, il peut n’y avoir aucun signe cutané visible. La peau chez certaines personnes peut présenter des rougeurs et des gonflements. Avec le temps et une exposition solaire répétée, certains malades développent un épaississement de la peau au niveau des articulations des doigts et des petites cicatrices au niveau des joues, du nez, et du dos des mains. Il y a toutefois une grande variabilité des signes cutanés entre les individus.

Comment la PPE est-elle diagnostiquée ?

Le diagnostic est habituellement suspecté suite à la description de l’histoire du patient au médecin et peut être confirmé par une analyse du sang. L’analyse mesure le taux de protoporphyrine dans le sang. Certains médecins demanderont aussi un échantillon de selles pour mesurer le taux de protoporphyrine. Une analyse des urines n’est pas pertinente dans ce cas sauf pour exclure d’autres types de porphyries.
Même s’il est peu probable que vous développiez comme complication une atteinte du foie, votre médecin peut surveiller le fonctionnement de votre foie par des analyses sanguines annuelles et par échographie. Si une détérioration du fonctionnement hépatique est décelée, votre médecin vous donnera des conseils spécifiques sur les traitements pour l’arrêter et la soigner. Il pourrait aussi surveiller votre taux d’hémoglobine car il est fréquent que les patients PPE soient aussi légèrement anémiques (un taux bas d’hémoglobine associé à un taux faible de fer). Cependant, il n’est généralement pas nécessaire de le traiter car un supplément oral de fer est le plus souvent inefficace pour corriger cette concentration plus faible d’hémoglobines. Un supplément en fer est uniquement requis pour les individus ayant un déficit en fer dû à une autre cause.

Peut on guérir de la PPE ?

Il n’existe malheureusement aucune méthode curative actuellement.

Quels sont les traitements disponibles pour la PPE ?

L’objectif de la plupart des traitements est de donner une protection supplémentaire à la peau contre les rayons solaires pour permettre une meilleure tolérance à la lumière du soleil. Les traitements disponibles sont :

  • β- carotène : dérivé de la substance chimique qui donne la couleur orange aux carottes, certaines personnes trouvent la prise de β-carotène bénéfique. Des capsules sont disponibles sur prescription et sont prises par voie orale. Elles donnent un teint légèrement orange à la peau. Ce médicament est considéré sans danger chez les non fumeurs (ou ayant arrêté depuis plus de 15 ans) mais peut conduire à de légers troubles digestifs.
  • Antihistaminiques : Ces comprimés ou sirops peuvent être utiles pour les quelques personnes chez qui le gonflement de la peau est un problème important.
  • Photothérapie : L’exposition aux rayons UVB à spectre étroit et la puvathérapie sont des thérapies utilisées en dermatologie. Cela implique une exposition prudente à une lumière ultraviolette artificielle, en général trois fois par semaine pour une durée d’environ 5 semaines au printemps. Ceci permet à la peau d’épaissir légèrement et développer un bronzage qui agit comme un écran solaire naturel et qui peut améliorer la résistance à l’exposition solaire.

D’autres traitements sont en cours de développement et d’évaluation. Ils comptent parmi eux l’utilisation de la L-acetyl cysteine, de la MSH (melanotan), et la dihydroxyacetone.
Vous devriez régulièrement voir votre médecin, au moins une fois par an, pour une analyse sanguine afin de déterminer si la protoporphyrine endommage votre foie. Si c’était le cas il est important de le déceler précocement même si c’est une complication rare.

Que puis-je faire ?

Il est judicieux d’éviter toute exposition solaire inutile. Les autres mesures préventives sont une photoprotection rigoureuse par des vêtements adaptés et l’utilisation de crèmes solaires spéciales dites « écran total ».

  • Habillement : des moyens simples comme des tissus en laine tissés de façon serré, des manches longues, l’utilisation de chapeaux à bords larges, des chaussures fermées, et des gants surtout pour conduire.
  • Crèmes solaires : les crèmes solaires conventionnelles (qui bloquent la lumière UV) ne sont pas efficaces pour la PPEDLX où les patients présentent essentiellement une photosensibilité à la lumière UVA et visible.
    Des crèmes solaires à base de dioxyde de titanium ou d’oxyde de zinc sont formulées pour réfléchir à la fois les UVA, les UVB et une partie de la lumière visible. Elles sont donc plus efficaces (Photoderm M de Bioderma par exemple).

 

La prise de certains médicaments peut-elle aggraver la PPE ?

La PPE est une porphyrie érythropoïétique et est différente des porphyries hépatiques aigües où certains des médicaments peuvent aggraver l’état des patients. La PPE n’est pas concernée par ces contraintes. C’est pourquoi, sauf si un médicament est contre-indiqué à un patient pour allergie où toute autre raison médicale, il n y a pas de restriction à l’utilisation de médicaments nécessaires à l’état de santé d’un patient atteint de PPE. Les médicaments photosensibilisants sont contre-indiqués bien évidemment.

Où puis-je trouver des informations suppplémentaires à ce sujet ?

La PPE étant une maladie très rare, la plupart des médecins en ont peu d’expérience. Néanmoins, les dermatologues suivent la plupart des patients atteints de PPE et, le cas échéant, ils peuvent vous orienter vers le CFP.
Même s’il y a un certain nombre de sources d’informations à ce sujet dont la plupart sont sur internet, soyez vigilant car elles peuvent ne pas avoir été validées par des spécialistes des porphyries. La plupart des sites référents donnent des informations sur tous les types de porphyries même s’il existe quelques sites spécialisés dans la PPE.